Six images of Mākua Valley on Oʻahu were selected by Musée Quai Branly in Paris for the biennial exhibit, Photoquai 2009

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Photoquai-Statement1

THIS STATEMENT (IN FRENCH) ACCOMPANIED THE  EXHIBIT OF 6 MĀKUA IMAGES IN PHOTO QUAI 2009, MUSÉE QUAI BRANLY, PARIS

Né à Hawai‘i, j’ai poursuivi mes études à Paris dans les années soixante-dix. Pendant les vingt-cinq dernières années, j’ai enseigné la littérature et la photographie dans un lycée privé à Honolulu, lycée réservé uniquement aux étudiants hawaïens. Je suis l’un des deux éditeurs et photographes du livre à grand format Pana O’ahu, (UH Press, 1999), un catalogue photographique des temples hawaïens qui restent sur l’île le plus exploité en Polynésie.

Avec ces images de la vallée de Mākua sur l’île d’O‘ahu, une centaine de kilomètres de la grande ville de Honolulu, j’explore l’espace entre deux cultures, deux façons de se placer dans l’univers, deux attitudes envers la même terre. L’une est arrivée ici à Hawai‘i il y a deux mille ans; l’aure est venue il y a deux cent trente ans environ et a tout de suite commencé à assimiler l’autre: ses lois, sa religion, son économie, sa langue, ses terres. Cet abîme entre deux mondes existe partout à Hawaii, mais à Mākua, c’est plus net, plus clair.

À la base de la culture polynésienne on trouve l’idée que la terre, la mer et tout ce qu’il leur appartient est donné par les dieux. Les Hawaïens ont fait alors grande attention à l’harmonie entre terre, peuple et dieux, qui sont au fond membres de la même famille. Leurs temples anciens qui restent à Mākua suggèrent cette relation. Quand les colons américains sont arrivés, leur économie et leurs valeurs dix-neuviémistes, ont précipité un bouleversement des valeurs traditionnelles de la société hawaïenne. Les colons ont apporté et imposé surtout la notion que les ressources naturelles existent pour le profit personnel.

Autrefois, des nombreuses terrasses agricoles s’étendaient sur la longueur de la vallée. Cependant, les maladies introduites pendant le 19ème s. ont largement diminué la population de Mākua, qui a cessé de cultiver l’intérieur de la vallée. Avec la retraite de la population s’est passé au même temps le déplacement des plantes indigènes sur les beaux versants de la vallée, un autre niveau de colonisation occidentale. Cependant, dans les montagnes derrière Mākua se trouvent de petites populations, des plantes et des animaux parmi les plus rares de toute l’île de O‘ahu.

Dès le début du 20ème s. les familles hawaïennes sont restées dans la vallée au bord de la mer, travaillant comme des paniolo (cowboys) pour l’entreprise McCandless qui élevait de gros bétail là-bas. Ces Hawaïens continuaient à cultiver de petits jardins, à pêcher, et à assister aux offices de leur église protestante, fondée dans les années 1850. Il est écrit qu’ils ont aussi continué à offrir des prières à certains temples anciens dans la vallée.

Dès le début de la deuxième guerre mondiale et l’attaque japonaise de Pearl Harbor, tous les habitants de Mākua one été expulsés par l’armée. Leurs maisons, leur église et même leur cimetière sont devenus des cibles dans les jeux de guerre. L’église n’existe plus. Le temple traditionnel de pèche à la plage s’est effacé. En 1943, l’armée a promis que Mākua serait remis après la guerre en bon état, mais en 1955, l’armée a constaté que Mākua était si contaminé par des munitions non-explosés qu’il n’était plus pratique de le rendre à la population hawaïenne, et donc qu’il était de continuer les exercices de guerre. Jusqu’à ce jour, l’armée impose ces exercices à la vallée, ce qui cause des feux, mettant en danger les plantes hawaïennes déjà en passe de disparaître. De temps en temps, on y trouve des bombes de 200 à 300 kilo qui explosent. On y trouve également de toutes petites bombes “ICM” (improved conventional munitions; cluster bombs), maintenant proscrites dans de pays nombreux.

Comme photographe, je suis témoin d’une part des efforts admirables de réintroduire une mesure de la vie traditionnelle à Mākua, de faire revivre la vallée et avec ça, la culture hawaïenne qui lui appartient. D’autre part, je prends la mesure de l’empreinte des pas de l’occident sur un paysage polynésien.